L’émotion, forcément, est grande. Lorsque, à la fin de l’assemblée générale de l’association Mémoires de Sélestat, hier matin, Jean-Marc Husser annonce qu’il ne souhaite pas se représenter au poste de président, sa voix se fait tremblante. Sa décision, il l’a prise depuis un certain temps déjà. La raison ? « Ma mémoire, principalement , indique-t-il à l’assemblée. Il faut savoir s’arrêter à temps. » Une mémoire qui aura donc eu raison de ses Mémoires, bien qu’elle soit loin d’être aussi défectueuse qu’il le pense.
Mais chez Jean-Marc Husser, rien n’est plus vraiment pareil depuis cet accident vasculaire cérébral qui, le 3 août 2013, dix jours avant son 60eanniversaire, manque de l’emporter. A quelques heures près, et sans la compétence des médecins, Jean-Marc Husser aurait probablement rejoint le cimetière de Sélestat, ce « petit Père Lachaise », comme il se plaît à le surnommer, et auquel il a consacré des visites par le passé. « Sélestat, j’y suis né, j’y mourrai et j’y reposerai, je l’espère, en paix », sourit-il. Mais pas tout de suite, ses histoires d’amour ne sont pas encore terminées.
Une collection de 2200 photos, de 1898 à nos jours
La première, il la vit avec Dominique, son épouse depuis trente-cinq ans ; la seconde, avec Sélestat, où il a vu le jour en 1953, dans la maison familiale du boulevard Castelnau. Enfant, Jean-Marc Husser se souvient avoir arpenté les marchés aux puces, passion qui l’a accompagné toute sa vie, jusqu’à détenir aujourd’hui une collection impressionnante de 2200 photos, de 1898 à nos jours, consacrées à la cité humaniste.
Vite privé de son père, conducteur de train et ancien champion d’Alsace d’athlétisme, décédé lorsqu’il avait 3 ans, Jean-Marc Husser a débuté un apprentissage de pâtissier, enchaîné quelques petits boulots avant d’entrer dans la police nationale en 1975, pour trente ans. Président de l’amicale de la police de 1987 à 2004, Jean-Marc Husser s’est également impliqué dans la vie syndicale, au sein du SNPT. Il se mobilisera notamment contre la menace de fermeture du commissariat de Sélestat, en 1998, ce qui lui vaudra les honneurs des chaînes de télévision nationale.
Si par cette action, il aura contribué à défendre sa ville, ces dernières années, c’est à travers l’organisation d’expositions que Jean-Marc Husser a le mieux témoigné de son attachement à Sélestat. Et cela, bien avant la création de Mémoires de Sélestat, comme l’a rappelé le secrétaire de l’association Claude Schirlen.
Sa première, en 2006, fut consacrée au chanoine Paul Adam. D’autres suivront sur la famille Weiller, la famille Kubler, jusqu’à ce que l’idée d’une association émerge. « J’en ai parlé à quelques autres grands passionnés dont Gérard Schenck (l’actuel trésorier), qui m’a dit : “Pourquoi pas”. » Mémoires de Sélestat, nom soufflé à Jean-Marc Husser par un ancien officier de l’armée de l’air, pouvait voir le jour.
Président d’honneur avec effet immédiat
A l’issue de l’assemblée générale, hier, le maire de Sélestat Marcel Bauer a tenu à rendre « un hommage solennel de la municipalité » à Jean-Marc Husser et a rappelé l’objectif poursuivi par l’association : « mettre en valeur le passé de Sélestat, mais un passé récent, destiné à nos générations ». Quant à Raymond Muller, membre de l’association, il a proposé la nomination de Jean-Marc Husser, « avec effet immédiat » au titre de président d’honneur de l’association. « C’est le moins qu’on puisse faire pour toi. »
« J’aurais sûrement dû m’arrêter plus tôt », reconnaît Jean-Marc Husser. Mais on n’abandonne pas comme ça son enfant. D’ailleurs Jean-Marc Husser ne part pas vraiment, puisqu’il reste adhérent de mémoires de Sélestat. Et il n’a pas prévu de quitter non plus les huit associations et organismes sélestadiens dont il est membre. Quand on aime…
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