jeudi 21 janvier 2016

Corso fleuri / Exposition d'ikebana Les maîtres Asami Nakamura et Kikuto Sakagawa posent devant une peinture japonaise représentant des dahlias.

Corso fleuri / Exposition d'ikebana Les maîtres Asami Nakamura et Kikuto Sakagawa posent devant une peinture japonaise représentant des dahlias. 



Redonner vie aux fleurs
Le thème du Corso fleuri 2009 s'intitule « Le langage des fleurs ». L'occasion pour tous de découvrir au caveau Sainte-Barbe l'ikebana, un art floral japonais pratiqué par le maître Sakagawa.

Un jour, lassé de vivre dans son Japon natal, étroit territoire insulaire et sans perspectives d'avenir dans un système rigide où les artistes évoluent difficilement, Kikuto Sakagawa s'est envolé pour l'Europe. Trente-trois ans plus tard, il y est toujours. Il a fondé sa propre école d'ikebana, Kaden Ryu, et a formé plusieurs centaines d'élèves en Allemagne, en France et en Suisse.
Le terme ikebana, formé de « ike », vivre en japonais, et de « bana », fleur, signifie « Donner vie aux fleurs ». L'ikebana n'est pas un simple art floral, c'est aussi une philosophie de vie. « Je trouve de la joie et de l'apaisement à travers les fleurs. Et les fleurs sont épanouies seulement si l'artiste est épanoui », explique le maître Sakagawa.
Créer une oeuvre d'ikebana est toute une cérémonie. Pendant une vingtaine de minutes, le créateur ne peut pas relâcher son attention sous peine d'oublier des ustensiles ou de casser des tiges. Pour l'école Kaden Ryu, il s'agit de redonner la vie aux plantes. Restés attachés aux origines, ses membres ne se servent que d'éléments vivants, c'est-à-dire de branches, fleurs ou plantes, alors que certaines écoles d'ikebana utilisent aussi des pierres et du plastique.
Comment redonner vie aux fleurs ? D'abord, il faut étudier les caractéristiques de la plante choisie. Le maître prend l'exemple du dahlia : c'est une fleur à la tige droite, comme une petite princesse, un peu snob, un peu hautaine. D'ailleurs, « Joséphine, l'épouse de Napoléon, en cultivait beaucoup dans son jardin ». Une fois que le maître a compris le caractère de la plante, il cherche à la sublimer à travers son travail d'artiste. Au final, l'arrangement floral est une combinaison touchante de vide et des éléments vivants, ces derniers se retrouvant « comme dans leur milieu naturel ».

Un art pratiqué par les samouraïs pour s'ôter toute pensée gênante avant le combat

A l'instar de la plupart des arts traditionnels, l'ikebana suscite un enthousiasme limité auprès de la jeunesse. « C'est comme pour la religion en Europe », précise le maître Sakagawa, « les jeunes ne veulent plus être bonnes soeurs ou curés ». Les origines de l'ikebana sont à trouver dans l'introduction du bouddhisme au Japon au Ve siècle. Des fleurs étaient alors données comme offrandes aux dieux dans les temples. Plus tard, sous l'ère Edo, l'ikebana était pratiqué par les guerriers samouraïs pour s'ôter toute pensée gênante avant le combat.
Avec la chute de l'ère Edo et de son système clanique en 1868, l'ikebana s'est démocratisé et popularisé. De nos jours, plus de 95% des artistes sont des femmes. Et le livre de maître Sakagawa publié en français a eu un franc succès : réédité à plusieurs reprises, il a même fait l'objet d'une lettre de l'ancien président de la République, Jacques Chirac.
Aux côtés d'une quarantaine d'oeuvres d'ikebana, des peintures à l'encre appelées sumi-e et des calligraphies sont exposées au caveau Sainte-Barbe. Pour faire découvrir la culture japonaise, le maître Kikuto Sakagawa et le maître Asami Nakamura, jeune française de trente ans, proposent des cérémonies de thé et d'ikebana pendant les week-ends. Toute la semaine, il y a aussi des ateliers de calligraphie et d'ikebana.

Julie Olivier
Au caveau Sainte-Barbe. Cérémonies de thé et démonstrations d'ikebana les 1, 2, 8 et 9 août à 15 h et à 16 h, entrée libre. Ateliers d'ikebana les 1, 4, 6, 7 août de 16 h à 18 h. Ateliers de calligraphie le 2 août de 16 h à 18 h, les 4 et 6 août de 14 h à 16 h, et spécialement pour les enfants le 5 août de 16 h à 18 h. Inscriptions aux ateliers en téléphonant à Asami au 06 81 53 09 35. Participation de 15 € demandée pour la fourniture du matériel. Les participants emporteront leurs réalisations.
Édition du Sam 1 août 2009

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