

Sélestat Retour sur 7 0 ans d’élections municipales (épisode 1 : 1945-1965) Les urnes se souviennent Si le maire Joseph Klein avait accueilli le président de la République Vincent Auriol à Sélestat le 4 juillet 1948, Albert Ehm reçoit à l’hôtel de ville le président de Gaulle, le 21 novembre 1959. - Si le maire Joseph Klein avait accueilli le président de la République Vincent Auriol à Sélestat le 4 juillet 1948, Albert Ehm reçoit à l’hôtel de ville le président de Gaulle, le 21 novembre 1959. - 2 / 2 Le maire Albert Ehm (au centre) lors de l’inauguration du nouveau centre hospitalier. de Sélestat, le 6 mai 1961. - Si le maire Joseph Klein avait accueilli le président de la République Vincent Auriol à Sélestat le 4 juillet 1948, Albert Ehm reçoit à l’hôtel de ville le président de Gaulle, le 21 novembre 1959. - A quelques semaines des élections municipales (23 et 30 mars), jetons un œil sur l’histoire des scrutins du genre à Sélestat depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Entre 1945 et 1965, une première page de la vie politique locale d’après-guerre s’écrit avec les maires Joseph Klein (de 1945 à 1953) et Albert Ehm (de 1953 à 1965), raconte l’érudit Jean Hurstel. Septembre 1945 : Joseph Klein, premier maire d’après-guerre C’est fin septembre 1945 qu’ont lieu les premières élections municipales d’après guerre. Sélestat compte alors environ 10 000 habitants. Et les femmes peuvent (enfin !) voter. Jean Meyer, élu maire en 1935 et qui occupe la fonction durant et juste après le conflit, ne se représente pas. « Deux listes s’affrontent à Sélestat : ‘‘Entente démocratique’’ et ‘‘Action patriotique’’», explique Jean Hurstel, en précisant que « les électeurs ont largement exploité la possibilité de biffer des noms et de panacher » les listes. Le 23 septembre, le premier tour voit 18 personnes obtenir suffisamment de voix. Une semaine plus tard, les résultats du deuxième tour désignent la dizaine d’autres élus qui complètent le conseil municipal. Ce dernier élit largement Joseph Klein (1900-1978) au poste de maire. Membre du Mouvement républicain populaire (MRP), un parti d’inspiration démocrate-chrétienne et centriste créé l’année précédente, le nouveau premier magistrat a pour adjoints Nestor Schoepf, Robert Damm et Jacques Haxaire. « Trois résolutions sont aussitôt prises, raconte Jean Hurstel : 1. Remercier le général de Gaulle pour l’œuvre réalisée pendant la guerre, au nom de la Ville de Sélestat (Charles de Gaulle était alors le chef du gouvernement provisoire) ; 2. Tout entreprendre pour que les soldats de Sélestat encore en captivité (dans les camps soviétiques surtout) puissent rentrer le plus tôt possible ; 3. maintenir l’hôpital de Sélestat dans les locaux de l’Ecole normale. » Octobre 1947 : les mêmes, et quelques sièges… à gauche L’avènement de la IVe République entraîne de nouvelles élections deux ans plus tard. La liste « Entente communale » du maire sortant Joseph Klein obtient seize sièges. Les trois autres listes candidates se partagent le reste des places. Six pour le Rassemblement du peuple français (RPF) du général de Gaulle, trois pour la liste du parti communiste (PCF) et deux pour les socialistes de la liste « Union démocratique ». Joseph Klein conserve le siège de maire et les mêmes adjoints. Sur la même liste, Georgette Ulmer est réélue, pour de bon cette fois-ci ! Cette assistante sociale, qui au premier tour de l’élection de 1945 avait obtenu le plus de voix parmi les candidats, avait été déclarée inéligible « en raison des statuts », souligne Jean Hurstel sans avoir pu obtenir plus de précision. Rare (pour ne pas dire unique) femme engagée en politique à Sélestat, elle tiendra sa place au conseil municipal jusqu’en 1965. On retrouve aussi parmi les personnes réélues Jules Wachenheim, Léon Hihn ou le docteur Albert Bur, qui fut le premier président du conseil général du Bas-Rhin d’après guerre, entre 1945 et 1949. Avril 1953 : Albert Ehm s’impose en force Depuis 1949, Albert Ehm (1912-1983) est conseiller général à Sélestat, après avoir occupé la fonction à Marckolsheim depuis 1947. Notamment conseiller de la République et sénateur de 1947 à 1950, l’enseignant se présente en tête d’une liste aux élections municipales sélestadiennes de 1953, fort d’une solide expérience politique ; au point même d’avoir été impliqué dans une affaire de mœurs * à la fin des années 40, provoquant sa rupture avec le MRP dont il avait intégré les rangs à la Libération. Après une pause politique forcée durant laquelle il revient à son métier de professeur de philosophie (au lycée Koeberlé notamment), c’est donc en indépendant qu’il conduit à Sélestat la liste « Action sociale et communale » en 1953. Au début de cette année-là, la condamnation au procès de Bordeaux de treize Malgré-Nous alsaciens, enrôlés dans l’unité SS responsable du massacre d’Oradour-sur-Glane en 1944, soulève l’indignation en Alsace et crée la polémique. L’ensemble des élus alsaciens proteste énergiquement et les élections sont reportées de plusieurs semaines, avec un premier tour le 26 avril. A l’issue des scrutins, la liste d’« Entente communale » du maire sortant Joseph Klein ne compte que quatre élus. Celle menée par l’adjoint Robert Damm (MRP et indépendants), cinq élus et la liste d’« Alliance populaire » proche du RPF, deux. Albert Ehm emporte une victoire écrasante. Lui-même récolte 5 465 voix (plus de 2000 voix d’avance !) au premier tour et seize conseillers municipaux sont issus de sa liste dont, pour l’anecdote, Werner Killy, oncle du champion de ski Jean-Claude Killy. Elu maire avec 18 voix sur 27, Albert Ehm a pour adjoints Othon Jaegert, Joseph Heim et Henri Hettler et « invite les colistiers de l’ancien maire Joseph Klein à coopérer avec la nouvelle majorité », note Jean Hurstel. Mars 1959 : le maire sortant ne partage pas A l’issue de son premier mandat de maire, « Albert Ehm est réélu dès le premier tour avec toute sa liste » le 8 mars 1959. Sa liste « Action sociale et communale » bat l’autre équipe en lice, « Union démocratique et sociale ». « Le maire sortant recueille 5 396 voix et son colistier le moins bien élu 3 936 voix », relève Jean Hurstel. « Seuls deux membres de la liste d’opposition dépassent les 2 000 suffrages : Robert Damm (2 084 voix) et Marcel Wincker (2 296 voix), qui avait été capitaine de l’équipe de football du SC Sélestat en 1937, en finale de la coupe d’Alsace. » Le doyen de l’équipe Joseph Heim est élu premier adjoint. « Georges Jaegert et Albert Lumann ont été élus deuxième et troisième adjoints, en dépit de leurs réserves, M. Jaegert souhaitant l’élection d’un conseiller plus jeune et M. Lumann souhaitant se désister de ce poste pour raisons professionnelles. Plus tard, Eugène Bauer et Georgette Ulmer (anciens opposants à Albert Ehm) compléteront le staff des adjoints, Georges Jaegert s’étant retiré et devenant le ‘‘porte-parole’’ de la future opposition. » Doté d’un fort charisme, Albert Ehm « était un très grand maire de Sélestat, il était doué en tout », estime Jean Hurstel. S’il mène de nombreux projets dans la ville, il apparaît trop dépensier pour certains, au point de créer des dissensions au sein de son propre camp. Il échouera aux municipales de mars 1965 face à la liste du docteur Maurice Kubler, qui sera maire jusqu’en 1983. Après Albert Ehm s’ouvrira un « nouvel acte de la vie politique » à Sélestat, considère Jean Hurstel. Et s’il n’est plus premier magistrat, il restera député de la circonscription jusqu’en 1978 et conseiller général jusqu’en 1979. * « une sombre machination politique montée dans son propre camp », estime son frère André Ehm dans Albert Ehm, une vie passionnée au service des autres. La mission exaltante de premier magistrat à Sélestat, 1953-1965 , éd. Pamélys (disponible à la médiathèque de Sélestat). Remerciements à Jean-Marc Husser..
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